HLLC
Cadre :
Bon, tout d’abord bonjour et bienvenue à HLLC…Oui je sais l’enseigne surprend
un peu. Tout le monde se dit : « Qu’est-ce que ça veut
dire ? », « à priori comme ça ce n’est pas vendeur… ». Vous
les journalistes vous êtes forts sur ce genre de commentaires.
Journaliste :
Vous faites les questions et les réponses…Je ne comprends pas pourquoi vous
êtes sur cette défensive ?
Journaliste
2 : Reconnaissez qu’il y a de quoi se poser des questions…La première
d’entre elles étant : « à quoi correspond ce sigle ? »
Cadre :
Eh bien je vais lever le voile…Vous avez devant vous le créateur du concept…Je
me présente John Olivier Michenaud…HLLC ça veut dire Hyper Luxe Low Cost…Je
comprends que ça puisse surprendre, mais je dois vous dire que pour un
démarrage ça marche très fort !
Journaliste
1 : Vous pouvez nous éclairer un peu plus sur le concept ?
Journaliste
2 : Qu’est-ce que vous avez comme genre de clients ?
Cadre :
Une seule question à la fois s’il vous plait…D’autre part je sens comme une
sorte de condescendance à l’égard de nos clients potentiels…Non, ce ne sont pas
des succédanés de riches, des riches petits-joueurs, des faux riches, des
riches placebos…Ce sont de vrais riches, des vrais de vrai…C’est là que vous ne
nous attendiez pas, n’est-ce pas ?
Journaliste :
On n’attendait rien de spécial…On attend des explications.
Journaliste
2 : On fait notre métier, le reste on s’en fiche
Cadre :
Nous avons essentiellement des milliardaires du Qatar. On a deux ou trois
chypriotes aussi. Des chinois et des russes, ça on en a aussi pas mal…
Journaliste
1 : Des « brics » ?
Cadre :
Des indiens oui, des brésiliens aussi avec l’effet « jeux
olympiques »…Des américains également, mais pas tant que ça parce qu’en
fait ils avaient déjà intégré un peu le concept sans le savoir…
Journaliste
2 : Venons-en au concept alors précisément…
Cadre :
L’idée ? On propose aux méga-riches des produits d’hyper luxe en version
low cost. On est partis du constat que le « low cost » c’est la mode
et que les riches aussi voulaient en croquer…Alors on a créé le segment
Une
secrétaire : Excusez-moi…John Olivier ? Le Sheik Walid t’attend dans
ton bureau pour son yacht…
Cadre :
Barbara, je t’ai déjà expliqué, tu le fais attendre…(Il la présente aux
journalistes) Barbara une petite nouvelle…Tu ne le fais pas asseoir, tu ne lui
offres rien, ni à boire, ni à manger…Allez file ! (Aux journalistes) Elle
a du mal avec le concept global, comme tous les débutants dans la boite…Les
traiter comme des merdes fait partie de ce concept…Mais je vais plutôt prendre
un exemple concret…Prenons cette bagnole de luxe (Il montre)
Journaliste
1 : C’est une…? Une Ferrari ?
Cadre :
Une Bugatti Veyron 16.4 à deux millions d’euros. Nous on la propose en version
low cost à trois millions…Ouais alors je sais ce que vous allez me dire :
« C’est plus cher que la version normale…»
Journaliste
2 : Pas du tout ! On allait juste vous faire remarquer que c’est plus
cher que la version normale…
Cadre :
(Il ne relève pas l’allusion) Exactement ! Et c’est justement là toute la
particularité de notre positionnement…En termes de low cost, on est les plus
chers !...Parce que, mine de rien, défaire des boiseries en loupe d’orme
ou en ronce de noyer pour les remplacer par du plastoc de merde, eh ben ça a un
coût…! (Son pied bute dans quelque chose) Qui c’est qui laisse traîner ces
merdes ici ?
Journaliste
1 : Je crois que justement c’est une des boiseries en question, en ronce
de noyer
Cadre :
Je vais leur remonter les bretelles à ceux de l’atelier…
Journaliste
2 : Dites, je peux… ? (Il fait comprendre qu’il récupèrerait bien la
pièce)
Cadre :
Bien sûr, à la déchetterie ou chez vous…(Le journaliste prend la pièce en ronce
de noyer et fait un signe à l’autre pour signifier à l’autre qu’il trouve ces
gens complètement tarés)…Et donc c’est ce qui rend nos produits plus chers
qu’en versions originales…Les riches adorent, d’autant plus que leur modèle est
du coup assez facile à personnaliser…Mais tout à l’heure, Lucien notre
sociologue-théoricien vous expliquera ça mieux que moi…Tiens salut Yannick, je te laisse avec deux
journalistes…messieurs il faut que j’aille m’occuper du Sheik et de son chèque…Bonne
continuation pour la suite de la visite…
Yannick :
Bonjour, Yannick Costa, préparateur…Veuillez me suivre jusqu’à mon atelier
Journaliste
1 : Vous préparez une voiture ?
Yannick :
Pas du tout…Il ne vous a pas expliqué John-Olivier ? Ça ne m’étonne pas,
pour lui il n’y a que son secteur qui compte…Mais le low-costage concerne
beaucoup d’autres produits de luxe…Je m’occupe de tous les produits comestibles
Journaliste
2 : Ce qui veut dire ce qui se mange et se boit…Nous sommes curieux de
voir ça…Vous nous faites une petite démonstration ?
Yannick :
Je vais vous low-coster une bouteille de Château d’Yquem 1870…Nous n’en avons que deux à « emménager »…Il ne faut
pas que je me rate !
Journaliste
1 : 1870 ? Et combien vaut une bouteille de sauternes de ce
millésime ?
Yannick :
Alors pour l’info, au départ c’est une bouteille à 21000 euros et des
brouettes…
Journaliste
2 : (Après avoir regardé l’autre journaliste d’un drôle d’air) Et
vous… ?
Yannick :
Tenez-moi la bouteille…Je vais la siphonner avec une seringue, bien proprement
à travers le bouchon…(Il attrape la seringue)
Journaliste
1 : Wow ! Wow ! Woow ! Doucement…A l’atelier ils balancent
les loupes d’orme et les ronces de noyer à la déchetterie, vous qu’est-ce que
vous faites du vin ? Ne me dites pas que vous le mettez dans
l’évier ?
Yannick :
Mais c’est dégueulasse le sauternes, c’est liquoreux, c’est imbuvable !
Journaliste
2 : Dites on peut… ?
Yannick :
Vous le voulez ? Prenez ma bouteille de coca, elle est presque vide…
Journaliste
2 : Wah…Le beau-père qui se la pète avec des bouteilles à 50 euros, il va
pas en revenir ! Je vais photocopier une étiquette d’origine et lui faire
croire que je l’ai achetée…
Journaliste
1 : N’oublie pas de vider le fond de coca et invite-moi le jour où vous la
buvez
Yannick :
Une fois que j’ai fini de siphonner, je la remplis de Boulaouane 2012, toujours
à la seringue et on facture ça 41000 euros au client…C’est comme ça qu’on fait
du vin de luxe low-cost !...Tenez bien la bouteille je vous ai dit !
Journaliste
1 : Ceux de Château d’Yquem, ils ne disent rien ? Ils sont pourtant
assez chatouilleux sur leur image de marque…
Yannick :
Nous ne sommes officiellement que des sous-traitants engagés par le client…De
plus on fait signer une clause de confidentialité au client…
Journaliste
2 : D’accord ! (Il prend une barquette de foie gras) Et donc, ça
c’est du foie gras low-costé ? A 400 euros la barquette…
Yannick :
Vous voulez goûter ? Je suis en train d’en préparer…
Journaliste
2 : Non, je voudrais bien le foie gras d’avant…Avec du sauternes…
Yannick :
Si le chat en a laissé…(Il appelle le chat) Mitsou ? (Il ramasse la
gamelle) Non, mais il me reste une barquette dont la date de péremption est
dépassée…Vous la voulez ? Cadeau…Moi, euh…(Sur le ton de la confidence) Le
foie gras ça me fait péter…
Journaliste
2 : Du pâté de chez Lidl ? Non merci,…on va vous laisser
travailler…(A l’autre) Tu viens ?
Yannick :
Allez voir Abdül, notre stagiaire, au secteur de la joaillerie, il se
débrouille très bien…Je pense que le patron va lui signer un cdi. C’est cette
porte…(Il montre)
Journaliste
1 : Monsieur Abdul ? (Prononcé Abdoul)
Abdül :
Abdül ! Ah c’est vous les journalistes, entrez…Dans toute la gamme des
produits de luxe déluxés, je m’occupe de la bagouserie…Nous, sur tout ce qui
est bagouserie on a un positionnement fort. Une chevalière Cartier, genre
sertie de diamants et tout…Eh bien nous on fait sauter toutes les pierres et on
les remplace par du verre de cannette…
Journaliste
2 : C’est intéressant…
Abdül :
C’est cette politique commerciale qui nous permet de pouvoir proposer à notre
clientèle des chevalières low-cost pour à peine deux fois le prix d’une
chevalière classique de merde que tous les riches peuvent s’acheter ou que tous
les braqueurs peuvent récupérer à la voiture bélier ou à la kalachnikov…
Journaliste
1 : (A l’autre journaliste assez discrètement) T’as récupéré du sauternes
et un tableau de bord en ronce de noyer, si tu permets pour les pierres…
Abdül :
Je vous arrête tout de suite les gars…Je suis stagiaire moi ici, même pas en
cdd…
Tout
juste le smic, et encore…Alors j’ai mon petit commerce. Dans ma téci, toutes
les zouz, même celles sous le nikab, je leur fourgue un petit diamant pour pas
trop cher…Et du coup y a pas que les pierres que je fais sauter si vous me
comprenez…Enfin, à part ça, je suis clean, pas besoin de tremper dans les trafics…
Journaliste
2 : Oui, on comprend…
Abdül :
Mais il y a une caillasse violette qui est tombée parce que j’y suis allé trop
fort avec le tournevis…Elle a roulé là-bas dessous…Si vous la trouvez…
Journaliste
1 : Violette ? Une améthyste de chez Cartier… !!! (Il commence à
chercher par terre, fébrilement)
Sociologue :
(Entrant) Bonjour, vous êtes les journalistes ? (Au journaliste 1 à quatre
pattes) Vous avez perdu quelque chose ? (A Abdül) Bon, je les prends en
charge…Vous me suivez ?
Abdül :
(Au journaliste 1, en l’aidant à se relever) C’était un saphir violacé je crois,
l’améthyste ça vaut rien…De toute façon la technicienne de surface, elle l’a surement
aspiré avec son aspiro de ouf…Un truc énorme ! Salut (Il se remet au
travail)
Sociologue :
Vous savez, de nombreuses études sociologiques ont été faites…Il en est
ressorti que les riches avaient besoin
qu’on mette à leur portée certains privilèges réservés aux pauvres…Par exemple
les riches adorent l’idée de « Bons de réduction ».
Journaliste
2 : Je crois que tout le monde adore cette idée
Journaliste
1 : Putain, un saphir de chez Cartier ! J’y crois pas !
Sociologue :
Oui mais, paradoxalement les riches n’assument pas le côté « réduction »…Nous
parlons toujours, bien entendu, de riches « riches », pas de
vulgaires richous ou « blindés ».
Alors
on a réfléchi et puis on a adapté le concept à notre clientèle…
Journaliste
2 : Je crains le pire…
Journaliste
1 : Un saphir de chez Cartier dans l’aspirateur… !
Sociologue :
C’est de cette réflexion que sont nés les « Bons d’augmentation ».
Journaliste
2 : (Vraiment étonné) Des bons d’augmentation ? Et ça marche
comment ?
Journaliste
1 : Un saphir de chez Cartier !
Journaliste
2 : Ta gueule avec ton saphir !
Sociologue :
Alors, au passage en caisse le riche donne son bon d’augmentation et hop il
paye deux fois le prix du produit…Prenons l’exemple d’une pelle à tarte en or
massif d’une valeur de 12000 euros affichés en boutique…Au passage en caisse le
riche sort son bon d’augmentation…Il l’annonce fort dans le magasin, le pic de
plaisir se situant à ce point de la transaction
(Balance lumière dans le
magasin où se joue la scène de cette transaction)
Cliente
aisée : Pour le mariage de la fille Leblanc-Alabarel, il faut qu’on trouve
quelque chose…Tout est déjà réservé sur la liste de mariage…Cette pelle à
tarte, elle est pas mal…Beau design !
Client
aisé : Tu rigoles ?! Une pelle à tarte signée Brancusi, t’as vu le
prix ?! 12000 euros, elle peut être « pas mal » !…On va
prendre autre chose…
Cliente
aisée : Oui, mais tu sais les Leblanc-Alabarel…bon euh…Il ne faut pas
prendre n’importe quoi.
Cliente
riche : Eh chéri…(Aux deux autres) Pardon messieurs-dames…Viens voir, une
pelle à tarte Brancusi…
Client
riche : Combien ?
Cliente
riche : 12000 euros
Client
riche : On la prend ! (Il va vers la caisse) Bonjour madame (Très
fort) J’ai un bon d’augmentation, je voudrais l’utiliser…
Caissière :
Très bien monsieur, pas de problème…cela vous fera 24000 euros
Client
riche : Merci (Il donne sa carte bleue) Inutile de faire un paquet cadeau,
c’est pour emporter…(A madame en sortant du magasin) T’as vu la tronche des ploucs ?
Ils n’ont jamais vu de bons d’augmentation !
(Balance lumière
Entreprise HLLC)
Sociologue :
Si vous voulez une explication un peu plus professionnelle : pour ce genre
de « riches » les signes extérieurs de richesse ne suffisent plus à
l’heure d’aujourd’hui…Même s’ils sont catholiques pratiquants, ou juifs ou
musulmans, ils ne sont pas fous, ils savent qu’ils vont crever un jour…Tout
s’est trop banalisé, alors il faut bien marquer sa différence…Sinon, à quoi ça
sert d’être un méga-riche ? Hein ? Je vous pose la question…
Journaliste
1 : Et le s…
Journaliste
2 : Ta gueule avec ce saphir je t’ai dit !
Journaliste
1 : Non, je voulais dire : Et le supermarché ?...Chez Lecler, ça
se passe comment ?
Sociologue :
Tout d’abord il va sans dire que, pour l’instant, nous travaillons en
partenariat privilégié avec un nombre réduit de magasins rigoureusement
sélectionnés …Mais nous allons étendre nos offres…Quant aux supermarchés, il y
a bien eu une tentative d’un client qui s’était trompé…Ils ont cru qu’il
s’agissait d’un film ou d’une caméra cachée…
Journaliste
2 : Bon, eh bien, je crois que nous avons de quoi faire notre papier…On va
y aller
Sociologue :
C’était un plaisir…Oh, je sais ce que vous vous dites…Vous vous dites :
« Ce sont des tarés vos clients »…Eh bien c’est justement là-dessus
que repose le business-model de la boîte…Je n’y suis pour rien…Au-revoir (Il
sort et rentre une technicienne de surface)
Journaliste
1 : (A la femme de ménage) C’est vous qui passez l’aspirateur ?
Technicienne :
Non, moi je fais les vitres…
Journaliste
2 : Allez viens…(A la femme de ménage) Au-revoir madame. (Ils sortent)
(Balance lumière sur un
yacht low-costé amarré à un ponton de Saint-Tropez, appartenant au Baron et à
la Baronne De Lacroardière)
La
Baronne : Nous avons les voisins à l’apéritif chéri…
Le
Baron : Ah oui les angliches…Lord Greenbank et Lady Greenbank…
La
Baronne : Ils ont gardé leur yacht d’origine, eux…
Le
Baron : On va leur en mettre plein la vue ! C’est le moment de sortir
le Château-d’yquem et le foie gras de HLLC
La
Baronne : Quand même, là tu fais fort !
Le
Baron : De toute façon ils n’ont aucun goût, comme tous les rosbifs !
Lady Greenbank : Good morning dear neighbours
La Baronne : Bonjour ma chère…Venez donc vous
asseoir…Installez-vous et mettez-vous à votre aise…
Lady Greenbank : (Remerciant tout en trouvant le
siège inconfortable) Thank you my dear…It’s a lovely day today, isn’t it ?
La Baronne : Euh yes…(Au baron) Elle ne parle
qu’anglais…Tu vas pouvoir utiliser ton anglais low-cost…Ah mais voici Lord
Greenbank…Venez nous rejoindre cher voisin
Lord Greenbank : (Il jette un regard circulaire)
So this is it…(Puis il se met à parler un bon français avec un accent anglais) Voilà
donc ce fameux yacht low-cost que votre femme voulait absolument nous faire visiter…
Le Baron : Oui ça ne paye pas de mine, mais c’est
justement ça qui coûte cher…
Lord Greenbank : Ah oui le concept HLLC, j’en ai
entendu parler…Au fait, j’ai garé ma Rolls derrière votre camionnette, mais ne
vous inquiétez pas, je la déplacerai…
Le Baron : Vous voulez dire ma Bugatti-Veyron
low-costée…(A la Baronne) Chérie sert le foie gras et le Château d’yquem
Lord Greenbank : Une Bugatti ?! On ne
reconnait pas…(Il attrape la bouteille) Oh du sauternes, et pas n’importe
lequel, avec du foie gras…Ce n’est pas de refus ! Vous les Français vous
savez vivre et recevoir. (On les sert) Alors comme ça vous en pincez pour cette
nouvelle mode du low-cost de luxe…(Il vomit discrètement par-dessus bord après
avoir goûté ce qu’on lui a proposé)
Le Baron : Tout est low-costé ici…Encore un peu
de foie gras et de sauternes ?
Lord Greenbank : C’est ce que je constate…Non
merci, sans façon…Le boulaouane avec le pâté de chez Lidl, j’ai peur que ça ne
me réussisse pas !
Le Baron : Et je ne vous explique pas ce que ça me
coûte tout ça !
Lord Greenbank : Oui, « la peau du cul »,
je sais ! Remarquez c’est moins ostentatoire…Même les chaises…Elles sont
encore moins confortables que celles d’Ikea…(Il s’aperçoit que sa femme boit
trop de vin)
Lady Greenbank : This wine is very good ! And
this foie gras, yummy !
Lord Greenbank : Oui, mais doucement darling
La Baronne : Yes, your mari a raison…Le
boulaouane avec le soleil, euh…(Geste joint à la parole) Ze sun tape
fort…Alors mollo ! (Lady Greenbank
se met à rire bêtement comme quelqu’un de saoul)
Lord Greenbank : Oh darling, come on ! (Il veut la relever, mais elle reste affalée)
Le Baron : Vous, ce que vous avez de low-cost,
c’est votre femme…
Lord Greenbank : On s’en va, ça suffit ! (A
sa femme) Let’s get out of here ! (Il la tire violemment de son siège)
Lady Greenbank : Why are you angry darling ?
This wine is very good ! What’s the matter with
you ?
Lord Greenbank : I’m sick of those bloody froggies
with their fucking low-cost craps ! Let’s go now ! (Ils sortent)
La Baronne : Au-revoir chers amis…(Au Baron) Je ne
sais pas si ça leur a plu…A elle oui, mais lui…
Le Baron : A 50000 euros l’apéro, il ne peut rien
dire ! De toute façon tous ces rosbifs sont trop traditionnalistes pour
comprendre…
DEGRIFF-PUB 24/24
Le patron du bar : (Qui fait aussi office de
barman. Il salue trois clients qui rentrent) Salut René, salut Titine, salut
Gégé…
René : Oh, ça a pas l’air d’aller Yvon…
Titine : Raconte à Titine ce qui te chagrine…Eh
les mecs, vous avez vu, je fais des vers…
Gégé : Ouais c’est ça…Sers nous un verre Yvon…
Yvon : Vous savez pas ce qu’ils m’ont fait les
enfoirés ?
René : Le concert des « Enfoirés »,
hier soir à la télé ? Ben quoi, c’était bien…
Yvon : Mais non ! Les enfoirés de la mairie
et de la communauté de communes !
Les trois clients : (Ensemble) Qu’est-ce qu’ils
t’ont fait les enfoirés ?!
Yvon : Ils ont donné leur accord pour qu’il y a
un « Dégriff pub » qui se monte sur la ZAC
Gégé : C’est quoi un
« Dégriff-pub » ?
René : Ah ouais à la ZAC de Glandville nord
Titine : Ah tu connais…Tu vas pouvoir nous
expliquer
René : Ben déjà il faut prendre le bus. Après il
faut marcher sur le bord de l’échangeur sur 300 mètres…Faut le vouloir son
Picon discount !
Yvon : Ah t’y es allé alors…Tu me fais des
infidélités !
René : Ouais mais ça m’a pas plu !
Titine : Vazy raconte !
Gégé : Fait soif !
René : Le Picon d’abord ! Eh ben c’était pas
du Picon, c’était de l’Amer d’Orange ! Prix ou pas prix, c’est de la
marque que je veux moi ! Et puis le serveur mes amis, eh ben c’était pas
un serveur !
Titine : Une serveuse ?
Gégé : Un triso ?
René : C’était une voix !
Yvon : Une voix ?!
Gégé : Si ça se trouve t’étais bourré et c’était
dans un rêve…
René : Non, je vous jure, il y avait un comptoir
avec des tabourets, mais à la place d’Yvon y avait une machine avec un écran,
une vitrine, un peu comme ton flipper ou ton juke-box Yvon
(Balance
lumière Dégriff-pub)
René : Bonjour m’sieur-dames…Ah y a
personne…Voyons, voyons, y a marqué quelque chose sur cet écran…(Il lit)
Appuyez sur l’écran pour commencer…Bon j’appuie…
La machine : (La machine s’allume et parle. Voix
un peu mécanique) Quel est votre nom ?
René : (Il dit son nom en avalant de travers ou
en toussant) René
La machine : Je n’ai pas bien compris…Recommencez
et articulez.
René : René !...Reu-né…René !
La machine : Qu’est-ce que je te sers mon petit
René René René ?
René : (Surpris par le changement de ton de la
machine) Euh…Qu’est-ce que tu me sers ? La main…Hin, hin, hin…(Il rigole
tout seul de sa blague en avançant la main vers la machine)
La machine : Réponse incorrecte. (Changement de
ton)
(Balance
Lumière Bar Chez Yvon)
Yvon : Mon pauvre René ! Cette blague ça
fait au moins vingt ans qu’on ne la sort plus… « Je te sers la
main »
Titine : Attends, mais laisse-le raconter…
Gégé : Ouais et sers-nous à boire en attendant…
Yvon : Et donc la machine elle te parle, comme si
c’était un vrai serveur…
(Balance
lumière Dégriff-pub)
La machine : Réponse incorrecte je t’ai dit René
René René, alors ?
René : Ah oui pardon. Un Picon-bière sans citron,
s’il vous plait monsieur…
La machine : J’ai pas de Picon…J’ai de l’Amer
d’orange, ça te va René René René ? C’est 1,50 euros
René : Oui monsieur, pas d’souci… A ce prix là
La machine : Tu introduis tes petites pièces dans
la machine et je te sers…
René : Pas de problème monsieur (Il met les
pièces)
La machine : (La boisson tombe) Tiens goûte-moi
ça mon petit René René René
René : Aaahhh ! (Il boit) C’est pas du
Picon, mais c’est bien frais et ça fait du bien par où ça passe !
La machine : (Se met à parler à René pendant
qu’il déguste sa bière) Sinon quoi de neuf ? Tu traînes toujours dans le
coin René René René ?
René : (Il se met à déblatérer) Ouais. Ben en ce
moment y a ma belle-sœur, la Yolande, qu’est malade, alors je lui ai dit que
j’irais lui faire ses courses, mais comme j’ai pas de bagnole...Ah parce que
j’t’ai pas dit que je m’étais fait gauler…Les bâtards de flics ils m’avaient
chopé avec 4 grammes en janvier et…(On entend un Bip dans la machine)
La machine : Fin de la discussion !
(Balance
lumière Bar Chez Yvon)
Yvon : La machine s’est arrêtée de parler comme
ça, d’un coup ?
Titine : Les machines c’est comme les gonzesses,
il faut savoir leur parler…
Gégé : Mais foutez lui la paix ! Tiens bois
un coup pour te remettre René…
René : Merci Gégé, t’es un vrai pote…Alors après
y avait marqué : « Insert coin ». C’est de l’anglais…C’est mon
cousin qui est allé jusqu’au brevet qui m’a expliqué…ça veut dire :
« introduire une pièce », mais moi je le savais pas, alors je me suis
énervé…
Titine : Oh et quand tu t’énerves !
Gégé : Et encore là t’avais bu qu’une
bière !
René : Quand on fait du scandale, il y a un
détecteur de scandale qui prévient les flics !
(Balance
lumière Dégriff-pub)
René : (Il lit) Insert coin ? Qu’est-ce que
c’est que ce truc ? Tu vas voir ce que je vais t’insérer dans le coin
moi ! (Il commence à taper dessus) Et ça et ça ? Je vais t’en boucher
un coin moi, tu vas voir ! (On entend une sonnerie très forte…Puis une
sirène de voiture de flics) Ah les flics maintenant !
Policier 1 : Alors on fait du scandale ?
Policier 2 : On l’a encore jamais vu ici
celui-là !
René : C’est la machine qui veut plus marcher…
La machine : Salut les gars, je vous ai appelé
parce que ce triste individu ne veut pas payer et en plus il va tout me casser !
Policier 1 : Bon, on l’embarque !
René : Bande de fumiers !
Policier 2 : On va te faire passer l’envie de
faire du scandale, mon p’tit gars ! Allez en route vers la
gendarmerie !
La machine : Merci les gars ! Je vous sers
quelque chose ? C’est moi qui offre…
René : Fumiers !
Policier 1 : On est en service, mais on repassera
tout à l’heure…(A René) Allez, dans le panier à salade !
(Balance
lumière Chez Yvon)
Yvon : Ils t’ont gardé longtemps ? C’est
pour ça qu’on t’a pas vu pendant deux jours ?!
Gégé : On se demandait bien ce que tu foutais…
Titine : Elle est comment la gendarmerie de la
ZAC De Glandville nord ?
René : Eh ben vous savez pas la meilleure ?
La gendarmerie de la ZAC, c’est une gendarmerie discount !...Si, si !
Ma parole !
Gégé : Et ça marche comment une gendarmerie
discount ?
René : Il y a tout un tas de trucs sacrifiés…Par
exemple y avait des grandes promos sur les outrages à agent, des déstockages
massifs de sur les pv majorés, y avait des excès de vitesse à prix malin, et
des gardes à vue formule club…C’est ce que j’ai eu !
Titine : Formule club ? Comme au Club
Med ?
René : Euh…Pas tout à fait ! La
« Formule club » ça comprend : une garde à vue, un dégrisement
et un toucher rectal…Alors le lendemain ils m’ont dit : « Et n’y
revenez pas ! » Et j’y reviendrai pas…
Titine : Ouais, ça donne pas trop envie d’y
aller ! On va se contenter de notre petit commissariat de quartier où nous
avons nos habitudes…
Gégé : Ouais buvons un coup à la santé de notre
commissariat…
Yvon : Tout ça ne serait pas arrivé si tu t’étais
contenté de fréquenter un établissement de qualité…Avec un patron qui sait
encore payer sa tournée ! Allez, videz vos godets !
Gégé : Ouais, une conso payée = une conso
offerte !
René : Opération coup de balai !
Titine : Tout doit disparaître ! (Ils
boivent tous les trois)
René : Ah, ça fait du bien de se retrouver chez
soi ! Le discount, c’est pas fait pour nous !
UN
TOUT PETIT RESTE C’EST DE LA LITTERATURE
Théo : Salut Noémie, je crois que j’ai trouvé une idée pour
me faire du fric…Tu vas me dire ce que t’en penses…
Noémie : Ce que j’aimerais c’est que t’aies des idées pour me
rembourser le fric que je t’ai prêté…Bon, ne fais pas la gueule, vas-y,
déballe…
Théo : Je suis sûr que Twitter va m’acheter très cher le
concept…Et pourquoi pas Facebook et les autres réseaux…
Noémie : Mon pauvre Théo, ils n’achètent pas n’importe
quoi !
Théo : Ecoute plutôt…C’est un sketch de Fernand Raynaud sur
lequel je suis tombé par hasard sur Utube qui m’a donné l’idée…
Noémie : Connais pas !
Théo : De la littérature discount, low-cost…Pour les nuls qui
veulent étaler leur culture comme de la confiture en quelques clics
Noémie : Le sketch, qu’est-ce qu’il raconte ?
(Balance
lumière sketch des oranges)
Le
patron : Bon, je vous ai engagé pour vendre les oranges sur cet
étal…Tâchez d’en vendre beaucoup. Vous vendiez du poisson avant, mais vous avez
quand même l’habitude de la vente…Bon, je vous laisse, je repasserai voir
comment ça marche…
Le
vendeur : Bien patron…(Il se met à se parler) Voyons, je vais marquer sur
mon ardoise : Ici on vend de belles oranges...(il ajoute) pas chères.
Voilàààà ! (Il hèle le public) Qui c’est qui veut des oranges ? Le patron : (De
retour et lisant l’ardoise) C’est vous qui avez pondu ça ? Le vendeur : Oui
M’sieu le patron. Hi hi hi Le patron : Bon, donnez moi ça...
(il lit) « Ici on vend de belles oranges pas chères ». Mmm mmm...
Vous avez bien fait de marquer « ici », des fois qu’on pense que ce
soit ailleurs... Vous ne voyez pas que c’est inutile le mot
« ici » ? Le vendeur :
C’est vrai, j’ai
mis « ici »... (il crache sur l’ardoise) Ptfu ! J’efface
« ici ». Le patron : « On vend de belles oranges
pas chères » Ils auront bien le temps de le voir, que c’est pas cher...
Pourquoi vous avez écrit « pas chères » ? Le vendeur :
C’est vrai !
Ptfou, ptfou ! J’efface « pas chères ». Le patron : Donnez moi ça...
« On vend de belles oranges » ... « on vend » vous aviez
peut-être l’intention de les donner ? Mmm ? Le vendeur :
Nan !
Le
patron : Alors pourquoi vous avez marqué « on vend » ?
Le
vendeur : C’est vrai, hi hi ! Dire « on vend » !?
Ptfu, ptfu !
Le
patron : « de belles oranges »... Quand on fait de la publicité,
il faut en marquer le moins possible, de manière que ça frappe d’avantage
l’imagination. Qu’est-ce que ça veut dire, ça, « de belles
oranges » ? Elles sont pourries vos oranges ?
Le
vendeur : C’est vrai !
Le
patron : Et ben, effacez « de belles » !
Le
vendeur : C’est vrai, ptfu ! « de belles»...
Le
patron : C’est des bananes, que vous vendez ?
Le
vendeur : Nan, c’est des oranges.
(Balance
lumière Théo/Noémie)
Noémie : Et alors ?
Théo : Eh ben chaque fois le vendeur il efface ce qui est en
trop, pour qu’il ne reste plus que l’essentiel…
Noémie : Ah oui, ça j’ai compris…
Théo : Eh ben on fait pareil avec les grands textes de la
littérature…
Noémie : Tiens là justement, pour ma dissert, je suis sur la
« Madeleine de Proust », fais-moi une démonstration…
Théo : File-moi le texte…
Noémie : Voilà (Elle lui affiche le texte sur un ordinateur)
Chauffe Marcel !
Théo : Pourquoi tu dis ça ?
Noémie : Proust, l’auteur, il s’appelait Marcel…C’est le
fameux texte tiré de « Du côté de chez Swan »…Le fait de tremper une
madeleine dans du thé déclenche des souvenirs…
Théo : (Il lit à haute voix)
Et tout d'un coup le souvenir m'est
apparu. On supprime Et tout d’un
coup, ce n’est pas important, et on enlève m’est apparu, c’est sûr que c’est à lui et puis le souvenir ça
apparaît dans le cerveau, ça disparaît pas ! On garde souvenir !
Noémie : Bon, si tu le dis…(Elle crache sur l’écran)
Ptui ! Ptui !
Théo : Pourquoi tu craches sur l’écran ?
Noémie : Je fais comme dans le sketch…Bon, continue, je suis
curieuse…
Théo : (Il lit) Ce goût
c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray
(parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand
j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après
l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul…Qu’est-ce que c’est
long ! Elle n’en finit plus cette phrase ! (Il relit vite) Même si je
relis vite, c’est trop long !
Noémie : Ah, ça c’est Proust, avec ses périodes, et encore,
il y a plus long !
Théo : On garde madeleine.
Tout le reste c’est inutile. Le goût par exemple, une madeleine ça se mange,
alors ce n’est pas la vue ou l’ouïe, et la tata affalée dans son pieu ça
pourrait être l’oncle ou un cousin. C’est comme la messe, on s’en fiche !
Noémie : Bon, d’accord ! (Elle crache) le goût, la
tante, la chambre, la messe, ptui !Ptui !
Théo : Arrête de cracher, c’est dégueulasse ! Voyons la
suite…(Il lit) Et
dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul
que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à
bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux),
aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un
décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on
avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul
j'avais revu jusque là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au
soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues
où j'allais faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau…C’est ouf ce
truc ! D’abord il se répète, ensuite c’est quoi ce je susse et je dusse ?
Noémie : C’est le subjonctif imparfait, commandé par la
conjonction « quoique ». Mais ça ne s’emploie plus !
Théo : Bon alors on l’enlève et tout le reste, la maison, la
ville, la place, les rues, les chemins, et ben c’est des souvenirs, et on l’a
déjà dit…
Noémie : C’est vrai, on l’a déjà dit, alors on l’enlève (Elle
fait mine de cracher)
Théo : Et tu ne craches pas sur l’ordi…
Noémie : Ah oui pardon ! (Elle prend un produit pour
nettoyer les écrans) Fui ! Fui !
Théo : Et ne te fous pas de ma gueule ! C’est
sérieux ! Bon je finis…(Il lit) Et comme dans ce jeu où les Japonais s'amusent à
tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau, de petits morceaux de papier
jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s'étirent, se
contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons,
des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les
fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la
Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église et
tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti,
ville et jardins, de ma tasse de thé…Qu’est-ce qu’ils viennent foutre là
les Japonais, je le connais même pas ce jeu… ? Bon il y a des touristes en
pagaille à Paris, mais eux on les enlève…Après il reste encore des souvenirs…On
garde le thé, c’est tout !
Noémie : Eh bien voilà ! On a fini pour ce texte !
Théo : Ça donne pour finir : Souvenir – Madeleine – Thé
– Proust
Noémie : Ça fait trop style télégrahique, même pour
Twitter…Je te suggère d’abord l’auteur : Proust – souvenir – madeleine
trempé dans le thé
Théo : C’est super ! Merci Noémie…Mais une seule
référence c’est peut-être insuffisant…Il en faudrait d’autres…T’aurais pas
d’autres idées ?
Noémie : Victor Hugo ? Voyons qu’est-ce que tu vas faire
de ce poème : « Après la bataille »
(Elle commence à réciter le poème dont elle se
souvient)
Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous
Parcourait à cheval, le soir d’une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit…Il doit me manquer un ver…
(Elle lit le poème qu’elle a fait afficher sur son ordinateur, avec le ton)
Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous
Parcourait à cheval, le soir d’une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit…Il doit me manquer un ver…
(Elle lit le poème qu’elle a fait afficher sur son ordinateur, avec le ton)
Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille, voilà le vers qui me manquait
Parcourait à cheval, le soir d’une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit.
C’était un Espagnol de l’armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié.
Et qui disait: ” A boire! à boire par pitié ! ”
Mon père, ému, tendit à son housard fidèle
Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,
Et dit: “Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. ”
Tout à coup, au moment où le housard baissé
Se penchait vers lui, l’homme, une espèce de maure,
Saisit un pistolet qu’il étreignait encore,
Et vise au front mon père en criant: “Caramba! ”
Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
“Donne-lui tout de même à boire”, dit mon père.
Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille, voilà le vers qui me manquait
Parcourait à cheval, le soir d’une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit.
C’était un Espagnol de l’armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié.
Et qui disait: ” A boire! à boire par pitié ! ”
Mon père, ému, tendit à son housard fidèle
Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,
Et dit: “Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. ”
Tout à coup, au moment où le housard baissé
Se penchait vers lui, l’homme, une espèce de maure,
Saisit un pistolet qu’il étreignait encore,
Et vise au front mon père en criant: “Caramba! ”
Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
“Donne-lui tout de même à boire”, dit mon père.
Théo : Ah ouais, mon
grand-père il disait ça tout le temps : « Donne-moi tout de même à
boire ! » Et il fallait voir comment il éclusait ! Il y allait à
la manœuvre !
Noémie : Ton
grand-père citait probablement Victor Hugo
Théo : Alors là ça
donne : le père, c’est plus des japonais, c’est un espagnol maintenant, un
pistolet, un canasson qui fait un écart, tout ça on s’en fout…Victor Hugo –
bataille – donne-lui tout de même à boire.
Noémie :
Parfait !
Théo : Wah ! La
littérature discount, c’est géééniaaal !
Noémie : Au fait le
sketch des oranges, il finit comment ?
(Balance lumière sketch des oranges)
Le patron : C’est des bananes que vous vendez ?
Le vendeur : Nan, c’est des oranges
Le
patron : Alors, pourquoi y’a « oranges » ?
Le
vendeur : C’est vrai, pourquoi y’a... Ptfu ! Bon, ben je vais aller
revendre mon poisson ! Comme ça j’aurai pas besoin de le marquer.
Le
patron : Pourquoi ?
Le
vendeur : Ça se sent !
(Balance lumière Théo/Noémie)
Noémie : Il y a un comique de répétition, mais
c’est surtout visuel…Fuuit ! Fuuit ! (Elle l’asperge encore avec le
produit pour nettoyer les écrans)
Théo : Arrête ! Bon, on en a deux, mais
c’est encore un peu léger…
Noémie : Alors rajoute : Rabelais –
Gargantua – Le rire est le propre d l’homme
Théo : (Il répète) Rabelais – Gargantua – Le
rire est le propre de l’homme…Super, ça le fait !
Noémie : Tu peux mettre aussi : Sartre –
Huis clos – L’enfer c’est les autres.
Théo : Waah ! Trop fort ! Noémie, je
t’adore ! A nous deux on va faire de grandes choses !
Noémie : Moi, je ne sais pas…., mais toi, mon
petit Théo, t’iras loin !
PERRAULT DISCOUNT
Le loup : Tu m’as appelé Charles ?
Charles Perrault : J’ai un petit problème…Tu es
concerné au premier chef…Mais bon, tu ne seras pas tout seul…Je vais modifier
un peu les histoires
Le loup : Charles Perrault, le grand Charles va
changer ses histoires ?! Ne me fais pas saliver pour rien…
Charles : A ce stade je ne peux rien te
promettre…On va voir
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